Le chef de l’opposition malienne vient de succomber à Paris, à l’âge de 71 ans. Il avait le coronavirus et avait été évacué dans la capitale française pour y être soigné. Une information confirmée à RFI par plusieurs cadres de son parti, l’URD. Sa famille l’a également confirmé à l’agence de presse AFP.
Selon l’un de ses proches, Soumaïla Cissé était à Niamey lorsque son état a nécessité qu’il soit évacué vers Paris. Il est ensuite décédé des suites du Covid-19.
« C’est dur, c’est très dur », commente sobrement l’un de ses amis, membre de son parti, l’URD. Soumaïla Cissé venait de retrouver la liberté, il avait été libéré début octobre après avoir été retenu en otage pendant six mois par al-Qaïda au maghreb islamique.
Chef de l’opposition, en campagne électorale pour les législatives au moment de son enlèvement, ce natif de Tombouctou, était déjà donné grand favori de la future élection présidentielle malienne. Celle qui, d’ici quinze mois, devra sceller la fin de la période de transition, ouverte après le coup d’État du 18 août dernier.
Ancien ministre et ex-président de l’Uemoa, l’Union économique et monétaire ouest-africaine, Soumaïla Cissé était une figure politique majeure dans son pays mais aussi dans tout le continent africain. Son décès, absolument inattendu, et alors que beaucoup le voyaient déjà prochain président du Mali, est une immense et très triste surprise, aujourd’hui, pour tous les Maliens.
« C’est avec une profonde affliction que j’ai appris le décès de notre frère Soumaila Cissé. Comme moi, des millions de nos compatriotes ainsi que des citoyens d’autres pays sont sous le choc », a réagi le président de transition du Mali Bah N’Daw. « Soumaila Cissé s’en va à un tournant critique de notre évolution en tant que nation. Nul doute qu’en ce moment, le pays avait encore particulièrement besoin de son expérience et de sa sagesse pour relever les défis de l’heure », a-t-il ajouté avant d’adresser ses condoléances.
« Soumaïla était devenu l’espoir d’un avenir meilleur »
« Je suis effondré. Je n’ai pas de mots pour exprimer les sentiments profonds de douleur, de consternation et de tristesse que je ressens actuellement. Je pense que je ne suis pas le seul. C’est tous les Maliens qui sont effondrés quand ils apprennent cette nouvelle », a réagi Choguel Maïga, le porte-parole du M5.
Soumaïla Cissé et lui n’étaient pas du même parti mais ils étaient devenus des alliés politiques. Ensemble, et avec d’autres, ils ont créé le Front pour la sauvegarde de la démocratie, au lendemain de la présidentielle contestée de 2018. « Vous savez, Soumaïla Cissé cristallisait l’espoir de tous les Maliens de toute obédience. Soumaïla Cissé était devenu la torche qui a illuminé l’avenir de notre pays pour ces prochaines années. Les Maliens, dans leur grande majorité, s’étaient réjouis de la libération de Soumaïla. Et en tant qu’homme d’État, il a pris de la hauteur, de la distance avec les débats politiques quotidiens », confie-t-il.
Soumaïla Cissé était attendu par beaucoup pour la prochaine présidentielle.« Nous avions espéré que c’était pour mieux se préparer pour revenir et faire une véritable rentrée politique en 2021. Et aujourd’hui, nous sommes désemparés. Mais je sais que les Maliens trouveront les ressources nécessaires pour reprendre l’espoir que Soumaïla incarnait », raconte Choguel Maïga estimant que « Soumaïla était devenu l’espoir d’un avenir meilleur ».
Au sein de son parti, l’URD, ses proches regrettent d’avoir perdu un homme « ouvert à toutes les critiques » et « à toutes les propositions » qui « n’a jamais rejeté quelqu’un pour dire : non, ton idée n’est pas bonne », témoigne Diawara Mamadou, secrétaire général adjoint de l’URD, aux côtés de Soumaïla Cissé « depuis 1984 ».
« Il a été arrêté pendant six mois par les jihadistes, il a été relâché… Il était en train, aujourd’hui, de remercier tout le monde pour les efforts que tout le monde a déployés pour lui. Malheureusement, malheureusement… Il est décédé ! Je prie Dieu pour que son âme repose en paix », confie-t-il.